Je n’ai pas besoin des sermons des moralistes professionnels pour me dicter ma conduite. Je n’ai certainement pas besoin d’un Dieu pour cela. Je suis parfaitement capable de mener une existence morale sans en attribuer le mérite à des croyances impossibles à prouver, défiant la raison, des croyances qui, pour moi, ne sont rien de plus que des contes de fées pour enfants auxquels adhèrent les adultes et qui ne sont pas plus fondées, en réalité, que le fait de croire au Père Noël. (…) Bertrand Russell, l’éminent mathématicien et philosophe anglais, a été l’année dernière lauréat du prix Nobel de littérature. L’un de ses ouvrages pour lesquels on lui a attribué le prix Nobel est un essai de grande diffusion écrit à partir d’une conférence faite en 1927, intitulée “Pourquoi je ne suis pas chrétien” (…) Cet essai, ainsi que d’autres du même genre, contient les arguments de Russell non seulement contre la conception chrétienne de Dieu, mais contre celles que professent toutes les grandes religions du monde, que Russell trouve tout à la fois erronées et dangereuses. Si vous lisiez son essai —et au nom de l’ouverture d’esprit, je vous conjure de le faire— vous vous apercevriez que Bertrand Russell, l’un des logiciens les plus réputés du monde, en plus d’être philosophe et mathématicien, réfute avec une logique indiscutable l’argument de la cause première, l’argument de la loi naturelle, l’argument du dessein intelligent, les arguments moraux en faveur d’une divinité, et l’argument du remède à l’injustice.

Philip RothIndignation, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier, Folio, Paris, 2012.

Source https://www.monde-diplomatique.fr/mav/145/ROTH/54571

Musique : Linda Tillery – Don’t Pray for Me

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *